Agrégée de lettres modernes, Aline Magnien est conservateur général du Patrimoine et docteur en histoire de l'art. Directrice du laboratoire de recherche des Monuments historiques depuis 2016, elle a été, pendant neuf ans, chef du service des collections du musée Rodin et assuré le commissariat de nombreuses expositions dont Camille Claudel en 2008 et Rodin, la chair, le marbre, en 2012. Elle a publié en 2014, dans la même collection, La Danaïde.

RODIN ET L'EROTISME
Aline Magnien
« Comment décrire cette chair qui me rend si attentif ? » se demandait Rodin, question qui
n'a cessé de le poursuivre tout au long de sa carrière.
Dans ses sculptures comme dans ses dessins, Rodin modèle ou trace les contours d'un corps
humain qui le fascine. Il décline à l'infini postures et positions, non pas tant par souci de
provocation que pour saisir la vérité du désir. Les formes qu'il transcrit témoignent d'une
sensualité et d'une intensité qu'il pousse à l'extrême pour capter les manifestations de l'extase,
et parfois l'ombre de la mort.
N'ayant jamais eu peur de s'attaquer à des thématiques traditionnellement considérées
comme obscènes, Rodin repousse les limites de la transgression et affirme une modernité qui
inspirera par la suite des générations d'artistes.