Freud et Shakespeare
Henriette Michaud est psychanalyste, membre du Cercle freudien. Docteur en psychopathologie (Université Paris 7) et agrégée d'anglais, elle a contribué à un livre collectif sur les Correspondances de Freud (PSN, 2007) et publié une étude sur Yves Bonnefoy traducteur de Shakespeare (Cahiers de l'Herne Yves Bonnefoy, 2010).

Quel rôle Shakespeare a-t-il joué dans l'élaboration de
la psychanalyse ? Freud lui a donné une place à part, à
la croisée de son propre roman familial et de l'invention
de l'œuvre. La force des mots de poésie de Shakespeare,
jointe à l'énigme de son nom, mettent au jour une fonc-
tion singulière du grand dramaturge. Shakespeare
regarde la psychanalyse plus qu'il n'est analysé par elle.
Ce livre invite à une traversée de l'œuvre freudienne, des-
sinant la silhouette du Shakespeare de Freud, comme
poète incontestable des « choses inconnues », mais aussi
comme créateur au nom incertain. Cette énigme du nom,
Freud l'a interrogée jusqu'au tourment. Il a ainsi mis au
travail la question de la naissance d'une œuvre et de
l'authenticité de l'auteur.

Arlequins ou fantômes, vêtus de neuf ou dans leurs costumes d'origine, les mots de Shakespeare déplacés dans
la langue de Freud gardent sur eux l'éclat du voyage.
Comme si la psychanalyse à ses commencements avait
besoin de ces éclats d'étranger, de ces revenants de la
mémoire.