Les enjeux d'une traduction
Antigone Les enjeux d'une traduction

Antigone

Les enjeux d'une traduction

Peu de personnages tragiques auront autant fasciné qu'Antigone, par le combat inexorable qu'elle mène contre l'arbitraire de la loi. Figure emblématique du « détournement catégorique » selon Holderlin ; héroïne qui réconcilie l'universel de la loi et le parti­culier de la famille, pour Hegel ; incarnation du désir pur selon Lacan, Antigone se prête aussi bien pour ce dernier à représenter le drame de tout sujet face à l'énigme de son désir. Quelle meilleure occasion pour interroger le mythe que de revenir à ses origines, à sa lettre dans le texte de Sophocle, grâce à la traduction nouvelle qu'en proposent Jean et Mayotte Bollack en vue de sa représentation théâtrale dans une mise en scène de Marcel Bozonnet ?

Comparée aux traductions classiques, celle-ci fait apparaître des distinctions subtiles qui montrent des différences fondamentales de sens. L'ensemble de ces écarts révèle une nouvelle dimension psychique de chacun des personnages de la tragédie et invite à une réinterprétation du mythe - travail qui, à la croisée des chemins, mobilise les traducteurs, les psycha­nalystes et le metteur en scène.

@ Antigone, interprétée par Rachida Brakni dans ia mise en scène de Marcel Bozonnet (1999), lors d'une tournée au Maroc.