Dates:
Samedi, novembre 26, 2016 - 08:00 - Lundi, novembre 28, 2016 - 17:45

Adresse

MAISON DE LA CHIMIE 28 bis rue Saint Dominique
75007 Paris
France
Adresse du site Web: Organisateur(s) du congrès:
EPFCL FRANCE
email:

Les analystes s'intéressent à l'acte analytique. Pas depuis toujours. Il a fallu
que Lacan introduise une dimension inédite dans la psychanalyse en faisant de
l'acte analytique le modèle de tout acte afin que la question devienne cruciale
pour la psychanalyse et au-delà. Nos journées se situent dans cette
perspective et renouvellent l'interrogation sur les différentes modalités de
l'acte, sur sa fonction et ses obstacles à la lumière de notre actualité clinique.
Nous avons décidé de joindre l'inhibition aux actes. Le pluriel indique que l'acte
n'est pas unique et pour toujours. Il ne fait pas partie d'une série homogène car
les actes nécessitent un acte premier, un acte fondateur : c'est le véritable acte
de naissance d'un sujet. Lacan lui a donné un nom, c'est l'acte de parler, par
lequel on devient sujet, ce qui nécessite non seulement d'être en rapport avec
le langage mais plus fondamentalement de se l'approprier. Mais cet acte,
même s'il conditionne la suite, s'avère insuffisant s'il ne se renouvelle pas. Dès
lors surgit une question : qu'est-ce qu'on appelle acte dans la vie d'un sujet ?
Lacan pose son évaluation comme possible uniquement par ses suites, donc
dans l'après-coup. Ceci nous mène logiquement vers ce qui s'en écarte : ce
sont les ratages de l'acte qui vont des actes manqués jusqu'aux pathologies de
l'acte, incluant les acting-out et les passages à l'acte. Leur distinction, leur
émergence, au début ou au cours de l'analyse, imposent qu'on élucide
comment ces phénomènes sont abordés cliniquement. On repère également le
pluriel -les actes- dans l'expérience de l'analyse, car il y a l'acte de l'analyste
pour engager le processus, l'acte dans la cure, puis l'acte dans sa conclusion
qui aura une incidence sur l'acte du sujet.
Il y a d'autre part, l'inhibition. Bien que ses formes soient variables et qu'elles
portent, selon Freud, sur différents types de fonctions du corps, l'inhibition au
singulier se justifie depuis le tripode freudien « inhibition, symptôme et
angoisse », posé par Lacan comme un équivalent, dans son hétérogénéité, du
tripode « imaginaire, symbolique et réel » au sens où il existe une distinction
nette entre les termes.
Alors, quelle est la spécificité de l'inhibition ? Elle est à distinguer des
empêchements manifestes ou cachés et ses formes sont variées. Elle est ainsi
impliquée dans la formule « je n'arrive pas » du début de l'analyse. Elle
participe également du « je comprends mais rien ne change », puis elle
concerne aussi le « comment finir mon analyse ? ».
Dès lors, la question cruciale est de savoir si le traitement de l'inhibition passe
nécessairement par sa transformation en symptôme. Évoquer l'inhibition nous
amène nécessairement à une des voies posées par Freud dans le destin de la
sexualité féminine, celle de l'inhibition par un renoncement au phallus que
Lacan aborde plus largement comme étant liée au droit au phallus, ce qui
explique l'extension de sa manifestation, et pour les hommes et pour les
femmes. Comment ne pas évoquer également la prévalence, dans les
analyses, de ce qu'on peut désigner comme l'inhibition intellectuelle. Ne pas
vouloir savoir, laisse parfois un reste même chez les analystes, dans la
formulation : « je n'arrive pas à écrire ». Il est certain que les issues analytiques
de l'inhibition passent toutes par l'inconscient. Reste à prouver comment l'acte
analytique extrait un sujet de sa pente à l'inhibition, de quoi dépend l'issue à la
question « comment finir mon analyse ?», et plus fondamentalement quelle est
l'incidence d'une École de psychanalyse dans l'acte de l'analyste. C'est à ces
questions que sont convoqués les analystes et tous ceux qui sont intéressés
par le discours analytique.
Luis Izcovich