Le bizarre incident du chien pendant la nuit.Théâtre de la Tempête

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Le bizarre incident du chien pendant la nuit.

Théâtre de la Tempête Cartoucherie de Vincennes

Du 11 septembre au 18 octobre.Du mardi au samedi à 20h dimanche 16H.

www.la-tempete.fr 01 43 28 36 36.

Pourquoi, quand on est psychanalyste, se rendre à la Cartoucherie de Vincennes pour assister à une pièce dont le personnage central est ce qu’il est maintenant coutume d’appeler un autiste de haut niveau, souffrant donc du syndrome d’Asperger ?. Certainement pas pour prolonger notre travail quotidien qui se suffit bien à lui-même, mais précisément parce que c’est du théâtre, soit ce qui fait que l’on peut se laisser aller à oublier, l’espace d’un instant, que nous n’avons pas en face de nous des comédiens qui récitent et jouent un texte, mais des hommes et des femmes qui, ignorant notre présence, se montrent à nous et nous invitent à réfléchir, rire et rêver peut-être.

Ce petit miracle du théâtre il faut le dire est trop rare pour qu’on ne souligne pas le travail remarquable effectué par Philippe Adrien et les comédiens du « Théâtre de la Tempête » à l’occasion de cette pièce. À lire l’histoire de la troupe et de ses antécédents, on sent d’ailleurs comme pour le Théâtre du Soleil tout proche, une troupe, soit un ensemble d’acteurs habitués à travailler ensemble en parfait accord avec le metteur en scène.

On sait à quel point le comportement d’un enfant, d’un adolescent, voire d’un adulte psychotique et surtout autiste provoque chez celui qui se trouve dans son entourage proche, des réactions exacerbées et contradictoires, tour à tour d’amour, de rejet voire de haine, jamais d’indifférence. Et ce mélange, ces retournements subits, ces réactions violentes et inattendues en particulier chez les enfants et les adolescents autistes, ne nous laissent jamais en repos. Grâce à eux, grâce à leur vision du monde qui n’est jamais la notre mais n’en est pourtant pas tellement éloignée, la vie peut parfois nous apparaît différente et nos mensonges et petites mesquineries parfaitement dérisoires. Gardons nous pour tant de tout angélisme, et c’est bien cet aspect qui est respecté dans la pièce, vivre avec un psychotique ou même seulement vouloir le soigner n’est pas de tout repos et nombreux sont les couples qui n’ont pas résisté à un tel ouragan, aux allures parfois paisibles et parfois déchaînées, rendant toute relation sociale particulièrement difficile voire douloureuse.

Dans ce maelström, le couple des parents de Christopher l’adolescent en question ne résiste d’ailleurs pas à la tourmente. Et contrairement aux schémas habituels, ce n’est pas le père mais bien la mère qui la première jette l’éponge. Christopher, l’adolescent en question, fort de sa logique, tente de comprendre le monde à sa façon et, tel Sherlok Holmes, accusé d’abord du meurtre d’un chien, il remonte peu à peu la pente qui le conduit à jeter un regard nouveau sur ceux qui l’entourent, sur ce qui lui arrive et surmontant une part de ses angoisses réussi l’exploit d’entreprendre un voyage impensable jusqu’à Londres pour y retrouver sa mère qui a entre-temps pris la fuite.

Ordinairement au théâtre, les personnages s’affrontent. Ici, grâce à Christopher, les choses sont plus subtiles. Les personnages ne s’affrontent pas ils se frottent pourrait-on dire à une autre logique que la leur. Et c’est ce qui fait tout l’intérêt de la pièce dont on ne dira jamais assez le talent de tous ses comédiens et les précipices que l’auteur et le metteur en scène côtoient sans jamais y tomber. Un miracle vraiment.