Le déni entre perversion et psychose

L'homme souvent nie la réalité. Il peut la nier en construisant un délire ou
en fabriquant un fétiche qu'il adore à la place de ce qu'il n'y a pas. Cette
attitude, Freud l'a appelée déni ou désaveu, pour la distinguer du
refoulement qui caractérise la névrose. Devant l'insupportable, l'homme
fabrique un objet, délire ou fétiche, qui l'en protège magiquement. Entre
perversion et psychose, le déni dessine donc un carrefour. Or, curieusement, les psychanalystes ont presque totalement négligé ce processus,
dont — à l'exception notoire d'Octave Mannoni — ils n'ont pas poursuivi
l'élaboration comme ils l'ont fait du refoulement.

Le but de ce livre, qui obtint le Prix Œdipe en 1992 ( Ce prix que j'ai créé a été depuis récupéré et son esprit dénaturé par des pratiques de copinages qui l'ont complètement déconsidéré. Le prix oedipe des libraires que j'ai créé à la suite lui a été utilement substitué.LLV) lors de sa première édition et qui, depuis, est devenu un classique de la psychanalyse, est de
reprendre ce problème là où il a été abandonné, et d'en montrer la
fécondité.

Claude Rabant, psychanalyste, ancien élève de 1'Ecole normale supérieure, agrégé de philosophie, est cofondateur du Cercle freudien. Il est l'auteur de Clins, Délire et théorie, et de Métamorphoses de la mélancolie.