Psychanalyse et théories du langage
ANDRÉ GREEN est psychiatre et psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Paris. Certains de ses travaux, tels Narcissisme de vie, narcissisme de mort ou La Folie privée constituent désormais des classiques de la littérature psychanalytique.

Du signe au discours

ANDRÉ GREEN

«Avec quoi le langage parle-t-il ? Sûrement pas avec des mots
seulement, mais aussi avec des mots investis d'affects, sous-tendus
par des représentations pulsionnelles conscientes et inconscientes,
et dynamisés par des motions qui l'animent... Le structuralisme
a entretenu la tentation illusoire de promouvoir un impérialisme
linguistique - avec sa "science pilote", la linguistique ; la combinatoire
serait prioritaire, pas la complexité de l'humain...» A. Green

Les recherches d'André Green témoignent d'une attention constante portée à
la question du langage en psychanalyse. C'est là une des caractéristiques les plus
remarquables de son œuvre, mais sans doute aussi la moins connue. Du signe ou
discours met maintenant en évidence les principaux jalons de sa réflexion sur ce
thème durant ces quinze dernières années.

Si Green mobilise ici les apports des théories du langage et sollicite notamment
les travaux de Hagège, Culioli, Halliday, Austin ou Peirce, il soutient avant tout la
spécificité de la position psychanalytique et propose un modèle original des rap-
ports entre psychanalyse et langage, en défendant la singularité du discours au sein
du cadre analytique. Privilégiant une conception complexe, à la fois intrapsychique
et intersubjective, du processus de création et de destruction du sens en séance,
il explicite les impasses dues au réductionnisme du modèle lacanien, insiste sur
l'hétérogénéité de la signification en psychanalyse, fait valoir la dimension de l'affect dans le discours analytique, et montre, enfin, comment seule une théorie de la
représentation généralisée peut répondre aux problèmes soulevés par la pratique
et la théorie de la psychanalyse contemporaine.