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Des psychothérapeutes d'État à l'État thérapeute
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Des psychothérapeutes d'État à l'État thérapeute
Une intervention étatique invasive
La création d'un titre de psychothérapeute qui vise à encadrer la profession par l'article 52 de la loi du 9 août 2004 sous l'égide du ministère
de la Santé questionne le devenir de la psychanalyse au croisement du
politique et de la culture. Pour la première fois en France, la voilà nommée dans une loi de santé publique. Elle s'inscrit dans un contexte où la
passion de l'évaluation qui a peu à peu envahi tout le champ social s'est
imposée comme un paradigme essentiel de notre civilisation.
Au mois de janvier 2009, une rébellion morale embrasée par la tourmente de voir la condition humaine malmenée se traduit par un « appel
des appels » lancé à l'initiative de psychanalystes qui agrège les îlots de
protestations émanant de professionnels craignant de voir leur activité
passée au crible par un cortège d'évaluations qui dénaturent leur sens.
Quand l'homogène domine le lien social, comment soutenir malgré tout l'avenir de la psychanalyse profane ?
Si la psychothérapie constitue une forme de réponse aux problèmes
sociaux, la psychanalyse est-elle en passe de devenir une profession de
santé comme Freud en exprimait déjà la crainte ?
Au cœur de ce dispositif, se loge la pertinence à créer ce nouveau
métier de psychothérapeute qui permettrait à l'État d'endosser lui-même
cette fonction.
La frontière de plus en plus ténue entre les sphères privée et publique
interroge la fonction législative d'un État qui s'immisce au plus intime de
la vie psychique.