Une femme, l'amour, la psychanalyse

Marie-Claire Grafé, fouillant un jour dans ses tiroirs, y a trouvé un manuscrit. Elle l’a regardé comme un objet étranger, a commencé à le lire, et a découvert un journal, écrit dans un autre temps, lors d’une autre vie. Le journal de sa psychanalyse. Elle s’est retrouvée soudain des années en arrière. Elle s’est revue, jeune femme écrivant dans le train qui la ramenait de Paris à Bruxelles, chaque semaine. Un grand carnet sur les genoux, le stylo à la main, elle faisait l’effort de se souvenir du contenu de chaque séance.

Le jeune homme que j’étais à 20 ans m’est un parfait étranger, a dit Borges, et je ne le connais pas. Certainement. Le carnet pourtant parlait à Marie-Claire : tu es bien obligée de te reconnaître, et c’est toi qui as noté, souviens-toi, au rythme des roues du train, page après page, tout ce que tu disais à ton analyste, et tout ce qu’il te répondait. Marie-Claire, je le suppose, tournant à rebours les pages de sa jeunesse, y ressentit une intime étrangeté. Mais Marie-Claire Grafé est analyste. De ce sentiment de familiarité étrangère plutôt dérangeante, elle reconnut une vérité. Elle a parié que cette vérité nous intéresserait, nous qui nous intéressons à la psychanalyse. Elle a gagné.

La quatrième de couverture du livre nous promet un reflet d’une époque, la guerre d’Algérie, la jeunesse militante, les étudiants de Normale Supérieure, et les grands intellectuels français des années 1960. Cela y est. Mais ce qui est passionnant, ici, c’est le document exceptionnel, clinique, d’une psychanalyse. Un document de travail, donc. Fort agréable à lire, car très bien écrit, il exige aussi du lecteur une grande attention, une vigilance clinique. Félicitons l’auteur d’avoir choisi de ne pas résumer les séances, de ne pas abréger les répétitions inhérentes au déroulement de toute analyse. N’attendez donc pas du sous-titre prometteur (une femme, l’amour, la psychanalyse) des révélations, mais préparez-vous plutôt à travailler. Nous sommes en 1961. Le psychanalyste est Nacht. Marie-Claire Grafé ne le nomme pas, mais il me semble qu’il n’y a aucun motif à le cacher. Bien au contraire : Nacht est une figure historique de la psychanalyse française, et le chef de file des opposants à Lacan. Nacht, psychanalyste, participe largement à la vérité cruciale de ce document clinique. Cela nous passionne tous. Comment le confrère dirigeait-il sa cure ?

Eh bien, le livre de Marie-Claire Grafé nous l’apprend : il ne ménageait pas ses efforts, il montait au front, il avait du courage. Nous pouvons le considérer avec une grande sympathie, car l’expérience nous a enseigné quelles difficultés nous réserve l’analyse d’une belle et intelligente jeune femme normalement névrosée. Celle-ci se présente comme la patiente idéale : elle a une formidable mémoire, elle respecte la règle fondamentale de l’association libre, et elle est d’autant plus au travail qu’elle est déjà collègue. Nacht, j’en suis certaine (quand je lis un récit de cure, je me mets à la place de l’analyste, et ne la quitte plus) est, dès la première rencontre, ravi : « Mais oui, mais oui, dit-il, avec un bon sourire, il faut vous sortir de là. » Il est bien sûr de lui. La sortir, mais de quoi ? Elle se plaint — problématique classique de la névrose — d’être divisée entre deux hommes, entre deux villes, entre deux vies. Elle ne peut pas choisir. La psychanalyse se transcrit et s’écrit dans cet entre-deux, dans le train qui à la fois relie et sépare les deux vies.

Marie-Claire Grafé aujourd’hui, cinquante ans plus tard, considère avec une certaine réserve, avec une condescendance discrète, ce psychanalyste d’une autre époque qui n’était pas lacanien. Elle a acquis depuis un tout autre savoir, une autre expérience de la cure. Elle reconnaît pourtant que de cette psychanalyse à l’ancienne, elle a tiré quelque profit. Je ne partage pas tout à fait sa réserve. Voilà après tout un collègue tel qu’on les souhaiterait tous : engagé, responsable et expérimenté. Il attaque dès la première séance. Vlan ! Une interprétation. Il ne cessera plus de décocher ses munitions, jusqu’au bout. Sans hésiter, il dirige la cure à coups d’interprétations œdipiennes, et avec d’autant plus d’énergie que sa patiente a déjà effectué une première et récente analyse de quatre années. Il n’hésite pas à répéter, à asséner sans relâche ses interprétations. Trop d’explications ? Trop bavard ? Les séances, minutieusement transcrites, témoignent pourtant d’un certain progrès de la cure. Celle-ci, menée tambour battant, sera brève : un an et trois mois. Les interprétations auront été centrées sur la castration et sur la fidélité au père. En résumé, la patiente refuse de choisir entre deux hommes car elle refuse la castration, comme elle refuse de quitter l’amour de son père. La fin de cure s’opère par une manœuvre brutale du transfert, puisque c’est l’analyste qui tranche en se séparant de sa patiente. Il s’ensuit (effet de la cure ?) que la jeune femme s’installe définitivement dans une seule ville, pour vivre avec son mari. Il semble donc qu’un choix aura finalement été fait. Nacht s’est certainement réjoui d’avoir rempli son contrat.

Il y a là pour nous matière à bien des réflexions, et même à bien des interrogations, sur la technique et sur la visée de toute cure. L’analyste lacanien peut être surpris par la prolixité de Nacht. Mais le psychanalyste peut-il se contenter du silence ? La vigueur de Nacht à batailler (pour conserver les métaphores guerrières de Freud) est en effet un héritage freudien. Ces vieux combattants savaient que la construction de l’inconscient utilise le matériel de l’interprétation. Cette cure montre parfaitement comment cette construction s’édifie à deux, au cours des séances. Certes les interventions de Nacht sont lourdes. On regrette que, visant juste, il tire souvent à côté. (Surtout, on se demandera pourquoi.) Il atteint tout de même quelque chose qui porte une vérité, et une certaine efficience :

Je repense à l’opposition entre mon père et ma mère, avance-t-elle en fin de cure : comme si je me voyais de toute éternité posant une question à leur sujet et ne pouvant y répondre. Qui est fort ? Qui est faible ? Quand je « complète » les hommes en leur apportant par exemple quelque matériau intellectuel, est-ce mon père que je complète ? Ils me paraissent en tout cas insuffisants, comme mon père a dû me paraître insuffisant. Mais s’ils sont forts, je les châtre, je tape dedans. Est-ce que je tape dès lors dans l’impuissance menaçante de ma mère ? En même temps, je ne fais que maintenir cette oscillation, je m’y accroche.

Non, cela n’est pas dit en termes lacaniens, mais si on y réfléchit un peu, on trouvera là un éclairage lumineux sur la problématique de bien des jeunes femmes névrosées. Elle continue dans la même séance : « Si mon “mari-mère” devenait fort, s’il portait vraiment la puissance, alors il n’aurait plus besoin de moi, je n’aurais plus de raison d’exister. Ça me supprime. » Et elle lui livre aussitôt le plus précieux, une véritable perle rare : « Au moment extrême de l’amour, lorsque j’arrive à l’orgasme, je balbutie : maman, je supplie : maman. » Malheureusement, l’analyste tire peu de profit de ce trésor qu’il a pourtant largement contribué à faire surgir.

La lecture de cette cure, on l’aura compris, déclenche chez le lecteur analyste une fièvre de travail. Pour ma part, je suis longtemps restée perplexe devant une double interrogation. D’une part, une psychanalyse s’est faite. Le moteur mû par l’analysante aussi bien que par l’analyste a tourné. D’autre part, on ne peut pas s’empêcher de regretter qu’il ait souvent tourné à vide. Mais nous comprenons aussi pourquoi psychanalyser se confronte à l’impossible. Tant l’analyste — vigilant et combatif en permanence, à chaque séance — doit savoir, à chaque moment, où il est convoqué par le transfert. Ce que Freud appelait « l’analyse de la résistance du transfert1 ». Ici, mieux qu’ailleurs, nous allons comprendre comment l’analyste résiste à analyser le transfert. Comment la résistance est bien, comme le dit Lacan, la résistance de l’analyste. Le livre de Marie-Claire Grafé, et c’est pourquoi il nous passionne, nous rapporte le cas de l’analyste. Le cas de Nacht ? Non, le cas de chacun d’entre nous.

L’analyste, qui ici n’est pas né de la dernière pluie, a bien sûr compris qu’il est concerné par le dédoublement de la vie amoureuse de sa patiente. Elle n’arrive pas à choisir entre les deux hommes qu’elle aime. Il opère une fin de cure, forcée : il se sépare de sa patiente. Elle ne peut choisir ? Il la quitte, lui. Il agit la séparation. Pourquoi pas ? Mais la séparation est à la fois prématurée, et trop tardive. L’analyste a réagi trop tard. Il a compris trop tard. Et sans doute n’a-t-il pas tout compris.

Car sa patiente non seulement se partage entre deux hommes, entre le mari et l’amant, entre la relation officielle et la relation secrète, mais surtout… elle se partage entre deux analystes ! L’analyste officiel, et l’autre, l’analyste secret. Elle se rend officiellement et ponctuellement chez son analyste, mais celui qu’elle admire écoute, respecte, craint, aime, en secret… c’est Lacan. Quand elle rêve, c’est de Lacan. Oh, elle le lui dit pourtant, elle le lui signale, elle ne le lui cache pas, elle ne cesse de lui en parler, elle lui raconte ses rêves. Elle lui en rebat les oreilles : « Lacan m’a parlé lors d’un séminaire. Je tremblais devant lui. Il m’a demandé comment ça va. Je lui ai dit que j’ai un amant qui me posait bien des problèmes. » Que dit Nacht ? Comment réagit-il ? Comment saisit-il la perche ? Pour une fois, il se tait. Hélas ! Il se tient coi. Oh, il y avait bien des possibilités de réponses. Par exemple : « Avec qui le trompez-vous ? » Sans doute chaque analyste a-t-il, en chaque cure, son point aveugle, et sa surdité. J’imagine Nacht, ici, pétrifié, cloué, par l’intime de sa propre relation à Lacan. Il est incapable d’intervenir.

Que lui dit-elle ? De quoi se plaint-elle ? Pas seulement de ne pas choisir entre deux hommes. Mais aussi de ne pouvoir profiter de son intelligence, de son travail intellectuel. Elle attribue le savoir aux hommes, elle le fait circuler entre les hommes, mais elle ne peut le posséder. Elle ne peut écrire, ni travailler, sans passer par l’aide, le soutien, l’intermédiaire d’un homme. Le savoir est attribué tantôt à un homme, tantôt à un autre. D’où la difficulté du choix… Nacht ne s’y trompe pas : le savoir est un attribut phallique. Mais… la névrose est un organisme, comme le dit Freud, et tous les symptômes sont liés dans la même cohérence de la structure. Il devrait bien se douter que ce savoir phallique le concerne directement. Car il y a les hommes (le mari, l’amant, les amis, l’analyste) qui ont le savoir, un phallus dont on peut les priver, qui leur manque aussi, quitte à l’attribuer à l’Autre. Et puis il y a l’Autre, « le génie », Dieu, Lacan. Ce qui se joue dans la cure, tout l’enjeu, n’est nullement entre le mari et l’amant, mais entre Lacan et Nacht : entre l’Analyste et l’analyste. Comment ne le comprend-il pas ? Pourquoi n’analyse-t-il pas freudiennement le transfert, c’est-à-dire le transfert et la résistance du transfert ?

Il bénéficie pourtant d’une grande marge de manœuvre, qu’il a su d’ailleurs se ménager. On perçoit très bien qu’il n’est pas embarrassé par le transfert positif et on peut admirer comment, sans résistance ni complaisance, en véritable analyste, il se prête au désir qui se porte sur lui. Mais il n’entend pas le « coucou, cocu ! » qui s’adresse à lui. Elle le trompe avec Lacan.

Parce que nous sommes élèves de Lacan, ne nous leurrons pas sur ce qui s’était engagé dans la cure, dès le départ. Ne croyons pas que tout était joué d’avance, que bien sûr Nacht ne serait pas à la hauteur, dans la confrontation (imaginaire, transférentielle) avec le grand Lacan. Il a été choisi, raisonnablement, parce qu’il n’est pas un Autre divin. Et le transfert qu’il installe face à Lacan est aussi fort que le transfert à Lacan : « Je ne reconnais que deux femmes qui m’intéressent, dit-elle, Sylvia Lacan et votre femme » ! Bref, le moteur du transfert tourne parfaitement, mais faute d’analyse, le rendement est faible. Elle lui rabâche sa fascination pour Lacan… Elle le traite, lui, de vieux radoteur dont elle ignore ce qu’il a vraiment dans le ventre… Que ne lui demande-t-il : « Mais pourquoi m’avez-vous choisi, moi ? » C’est qu’il croit le savoir. Comme il sait pourquoi elle ne peut choisir entre deux hommes. Il le lui répète sans cesse : « Vous utilisez l’un pour vous protéger de l’autre. » C’est l’idée qu’il s’en fait, et il y tient. Si elle se protège névrotiquement de Lacan avec lui, il est aveuglé par la certitude qu’il doit en effet la protéger, la pauvrette, du monstre Lacan. Et surtout, il ne peut envisager qu’elle est venue chez lui, lui Nacht, le chef de file de l’Institut, parce qu’elle ne lui attribue pas le savoir. En tout cas, pas le savoir de Lacan. Lui, Nacht, est muni d’un savoir dont il peut aussi être démuni : un savoir d’homme, de père. Il oublie qu’on a frappé à sa porte parce que lui, comme les autres hommes, comme le père, possède un savoir déboulonnable, contrairement à Lacan qui a le savoir chevillé au corps.

Ce dédoublement de l’analyste, ici, ouvre une réflexion sur le sujet supposé savoir et sur le maniement du transfert, dans toute cure. L’analysant interroge le savoir, mais aussi le manque de savoir. C’est une nécessité, pour l’expérience de la psychanalyse : l’Autre, auquel s’adresse l’analysant dans le transfert, sait et ne sait pas. Je glisserai ici une brève remarque technique. L’analyste qui demeure parfaitement et absolument silencieux conforte l’imaginaire d’un savoir absolu et total, d’un Autre sachant et ne livrant pas son savoir. Sur ce plan, Nacht, on l’a vu, ne court aucun risque, et avec son expérience et sa bonhomie, il accepte de laisser la brèche ouverte sur ses défaillances. Pour autant, il ne permet pas d’entamer, de quelque façon que ce soit, le savoir total supposé chez l’Autre. Pourquoi ? tout simplement parce qu’il subit passivement, sans la comprendre, la structure double du transfert. On trouverait, dans cette cure, dix et vingt exemples, mais pour n’en choisir qu’un… Sa patiente lui demande d’écourter une séance : elle souhaite partir plus tôt, pour aller écouter un séminaire de Kojève. Il acquiesce. Sans la moindre remarque, sans la moindre question. Quelle erreur ! Non seulement il est alors le mari complaisant et faible, qui consent à être trompé, mais — et c’est bien plus grave — il laisse, intact, intouché et intouchable, un savoir supposé chez l’Autre, « le génie », Lacan, Kojève, Dieu. Il laisse, pour une série infinie, sa patiente se confronter à un Autre non castré, à un savoir qu’elle ne pourra jamais s’approprier, et qui ne pourra lui être transmis : car ce qui se transmet, c’est la castration.

Je glisse ici une autre remarque : nous pourrions bien, nous tous analystes, nous retrouver dans l’incapacité d’utiliser le savoir qui nous a été transmis, par Freud ou par Lacan, si nous étudions leurs enseignements comme une vérité révélée, provenant de l’Autre du Savoir. Dans l’incapacité de créer, de prolonger ou de compléter la théorie, car il faut supposer aussi à l’Autre du transfert le manque de savoir, pour y trouver le lieu de sa propre création.

Et, pour demeurer en cette cure sur la structure double du savoir, on s’émerveille, au long des séances, d’entendre la jeune patiente tenter de guider l’analyste, de lui transmettre, avec toute son intelligence et sa bonne foi, ce qu’il devrait, lui, comprendre : « Toute ma vie est triste, lui dit-elle. Mais je viens de vivre un moment de bonheur merveilleux avec Lacan, à son séminaire. Il a parlé du manque dans l’Autre. »

Et encore, avec là aussi, toute sa bonne volonté et sa finesse d’analysante au travail : « J’étais au séminaire de Lacan, et il m’a interrogé. Et je n’ai rien pu dire. Le lendemain, j’ai trouvé ce que j’avais à dire, alors que j’étais seule, aux toilettes, puis sous la douche. » Nacht lui répond : « Alors on ne pouvait pas voir ce que vous avez. » Son interprétation (la pensée, le savoir, la production intellectuelle, etc. est un objet phallique) recouvre, obstrue, le dévoilement de la vérité. On aurait plutôt attendu : « Alors on ne pouvait pas voir ce que vous n’avez pas. » Et, bien plus efficace : « Alors on ne pouvait pas voir ce que Lacan n’a pas. »

Car ce qui manque à Lacan, eh oui, à lui aussi, permet de lui répondre, de lui parler, de lui apporter quelque chose, — non pour qu’il s’érige en juge —, mais une toute petite chose susceptible de l’intéresser et de le compléter. Et faut-il laisser de côté que ce savoir, tout phallique qu’il paraisse, n’est au fond que de la merde ?

Ce cas éclaire et interroge singulièrement la constatation de Freud : la fin de l’analyse bute souvent sur le refus du patient à reconnaître sa dette à l’égard de l’analyste (du père qui a transmis, donné le savoir.) On pourrait sans doute ajouter, que dans ces cas, le patient n’en finit pas de laisser le savoir à l’Autre, et que le savoir transmis par la psychanalyse ne peut lever l’inhibition à utiliser ce savoir. En d’autres termes, le patient ne peut reconnaître sa dette à l’égard de la castration de l’Autre, et moins encore reconnaître que tout ce que l’Autre a su lui transmettre, c’est sa castration. Nous n’aurons donc pas quitté le cas de l’analyste, ni nos réflexions sur sa praxis, car il ne s’agit pas bien sûr d’incriminer le patient, mais d’analyser la résistance de l’analyste, la nôtre, à transmettre le manque dans le savoir de l’Autre.

Sur ce magnifique document que nous offre, avec une infinie générosité, et une précision scientifique, Marie-Claire Grafé, j’ai choisi de rendre compte d’un fragment, parmi tout ce qui m’a passionnée pendant et après ma lecture. C’est peu, au regard de toutes les questions qui ont surgi, et de toutes celles que vous vous poserez, dès que vous commencerez à lire, en analyste, Le pas aveugle.

  • 1.

    J. Lacan, séminaire livre I, Les écrits techniques de Freud, Paris, Seuil, 1975.

Comments (1)

Un point de vue sur le livre de Marie Claude Grafé " le pas aveugle"
"Une femme, l'amour' la psychanalyse", suivi de la note de lecture de
Marie -laure Susini.
Etienne Rabouin.

Ce livre fait parti de la sélection des libraires.

Je transmets ce point de vue, écrit il y a quelques temps spontanément,à la lecture d'une note très bien construite et argumenté par Marie
Laure Susini sur le Forum du "prix Oedipe".
Je ne l'avais pas fait paraître sur le coup, faute de temps d'une part et n'en voyant pas l'intérêt sur le moment.
Aujourd'hui l'intérêt est renouvelé par le choix des libraires, que l'on peut amplement remercier et qui est fait pour permettre échanges et
discussions autour des livres choisis.

*************

Je viens de lire la note de Marie- Laure Susini sur le livre de
Marie-Claude Grafé "Le pas Aveugle"...

Je ne partage pas ce point de vue, simplement parce que je n'avais pas les éléments historiques et personnels qui éclaire d'une manière très
différente ce témoignage.

S'il faut que le lecteur puisse extraire du texte, que cette jeune femme d'alors joue sa névrose de "l'entre- deux", dans son rapport avec deux analystes "Nacht" ( non- nommé et critiqué) et Lacan en place de maître,qui sont en opposition et d'avantage c'est que quelque chose, dans ce livre, ne peut être nommé.

Cette adresse au lecteur me laisse perplexe et peux mettre mal à l'aise.tout comme ce rapport aux noms.
Les différents noms de l'auteure ou ceux de ses analystes ne sont pas dits dans l'ouvrage mais circulent dans le milieu psychanalytique au
point d'en faire des notes de lecture pour éclairer ce livre.
On peut se demander pourquoi et de qui ces notes s'autorisent?

Marie-Laure Susini resitue les enjeux de ce témoignage et tout son intérêt dans l'histoire de la Psychanalyse mais sans malheureusement citer ses sources.

On ne peut donc lire ce livre de la même façon si l'on est analyste, un peu au fait de l'histoire de la psychanalyse et du milieu de l'époque ou analysant(e) en quête d'identifications.
C'est le risque de ce témoignage écrit dans le temps propre de l'analyse, mais "sorti d'un tiroir" quelques dizaines d'années après.

Dans ce livre très personnel, tout est encore dans un entre deux,
( comme le train entre Bruxelles et Paris).
Nous restons dans le singulier d'un témoignage de cure quasi immédiat d'une jeune femme névrosée, mais sans sa mise en perspective.
Extrait du contexte spécifique du cadre analytique - du transfert et de l'intime- il en ressort un aspect qui peut fasciner parce qu'exhibé de
ce contexte.
Il y manque l'effet d'après coup de l'analyse.

Je trouve qu'il y a peu de place pour un lecteur qui voudrait simplement y glisser son "impossible à dire" et découvrir l'aventure de l'analyse, à sa façon.
Le risque est celui de l'identification, comme dans un "réality show". Ce que Marie Claude Grafé n'a sans doute pas souhaité mais qui a pris le pari de cette ambiguïté.

Ce "Pas aveugle" aurait eu une toute autre valeur, écrit à deux ou avec une préface( Marie- Laure Susini avec l'accord de l'auteure l'aurait sans doute très bien faite) ou d'une lecture actualisée par Marie-Claude Grafé elle même.

Un point de vue sur le livre de Marie Claude Grafé " le pas aveugle"
"Une femme, l'amour' la psychanalyse", suivi de la note de lecture de
Marie -laure Susini.
Etienne Rabouin.

Ce livre fait parti de la sélection des libraires.

Je transmets ce point de vue, écrit il y a quelques temps spontanément,
à la lecture d'une note très bien construite et argumenté par Marie
Laure Susini sur le Forum du "prix Oedipe".
Je ne l'avais pas fait paraître sur le coup, faute de temps d'une part
et n'en voyant pas l'intérêt sur le moment.
Aujourd'hui l'intérêt est renouvelé par le choix des libraires, que l'on
peut amplement remercier et qui est fait pour permettre échanges et
discussions autour des livres choisis.

*************

Je viens de lire la note de Marie- Laure Susini sur le livre de
Marie-Claire Grafé "Le pas Aveugle"...

Je ne partage pas ce point de vue, simplement parce que je n'avais pas
les éléments historiques et personnels qui éclaire d'une manière très
différente ce témoignage.

S'il faut que le lecteur puisse extraire du texte, que cette jeune femme
d'alors joue sa névrose de "l'entre- deux", dans son rapport avec deux
analystes "Nacht" ( non- nommé et critiqué) et Lacan en place de maître,
qui sont en opposition et d'avantage c'est que quelque chose, dans ce livre, ne peut être nommé.

Cette adresse au lecteur me laisse perplexe et peux mettre mal à l'aise
tout comme ce rapport aux noms.
Les différents noms de l'auteure ou ceux de ses analystes ne sont pas
dits dans l'ouvrage mais circulent dans le milieu psychanalytique au
point d'en faire des notes de lecture pour éclairer ce livre.
On peut se demander pourquoi et de qui ces notes s'autorisent?

Marie-Laure Susini re-situe les enjeux de ce témoignage et
tout son intérêt dans l'histoire de la Psychanalyse mais sans
malheureusement citer ses sources.

On ne peut donc lire ce livre de la même façon si l'on est analyste, un peu au fait de l'histoire de la psychanalyse et du milieu de l'époque ou analysant(e) en quête d'identifications.
C'est le risque de ce témoignage écrit dans le temps propre de l'analyse, mais "sorti d'un tiroir" quelques dizaines d'années après.

Dans ce livre très personnel, tout est encore dans un entre deux,
( comme le train entre Bruxelles et Paris).
Nous restons dans le singulier d'un témoignage de cure quasi immédiat
d'une jeune femme névrosée, mais sans sa mise en perspective.
Extrait du contexte spécifique du cadre analytique - du transfert et de
l'intime- il en ressort un aspect qui peut fasciner parce qu'exhibé de
ce contexte.
Il y manque l'effet d'après coup de l'analyse.

Je trouve qu'il y a peu de place pour un lecteur qui voudrait
simplement y glisser son "impossible à dire" et découvrir l'aventure de
l'analyse, à sa façon.
Le risque est celui de la tentative d'identification, comme dans
dans un "réality show". Ce que Marie Claude Grafé n'a sans doute pas souhaité mais qui a pris le pari de cette ambiguïté.

Ce "Pas aveugle" aurait eu une toute autre valeur, écrit à deux ou avec une préface( Marie- Laure Susini avec l'accord de l'auteure l'aurait sans doute très bien faite) ou d'une lecture actualisée par Marie-Claude Grafé elle même.