l'autre pensée
Agrégée de lettres classiques, maître de conférences à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, Françoise Davoine est écrivain et psychanalyste. Elle a notamment publié La Folie Witgenstein (EPEL, 1991), Mère folle (Arcanes, 1998) c? Histoire etTrauma (Stock, 2006).

Deuxième best-seller après la Bible, Don Quichotte doit certainement son
succès international, dès sa parution, à son pouvoir de guérir la mélan-
colie. Telle est la thèse audacieuse et argumentée de Françoise Davoine.
Cervantes a chargé Don Quichotte, « son vieux fils fou », de mettre en
scène les épreuves qu'il a traversées de son vivant et leur résolution. Le livre
décrit comment les crises successives du chevalier errant sont une façon de
faire revivre les guerres auxquelles a participé Cervantes, dont la bataille de
Lépante ou son esclavage au bagne d'Alger. Ainsi, les crises de folie montrent
ce qui ne peut se dire dans les silences des familles, autour de traumatismes
majeurs. En même temps, Cervantes indique avec génie le moyen d'en
sortir.

Le livre suit donc les différents épisodes du Don Quichotte, ouvrant progressivement le champ des batailles, tel l'épisode des troupeaux de moutons, où l'on voit se profiler une guerre internationale, sur les mêmes
fronts qu'aujourd'hui au Moyen-Orient. Nous accompagnons Don
Quichotte dans la tourmente, jusqu'à trouver réunies autour de lui plus
de trente personnes qui, grâce à son travail d'analyste, ont pu renouer des
liens et réinventer un monde fiable.

En réalité Don Quichotte nous apprend comment faire avec l'un des
fléaux de notre temps, la dépression suicidaire à laquelle il s'adresse nommément. C'est également un manuel de la vita beata, la vie heureuse.